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Chroniques sur le monde contemporain : G. Eturo, G. Bloufiche et Major Tom

Populiste toi-même !

Publié le 27 Février 2007 par M. Aurouet in Politique


Notre époque est friande d'anathèmes en tous genres.

L'autre jour, en regardant "Ripostes", numéro spécial consacré au positionnement des intellectuels dans la campagne présidentielle (ceux du moins qui bénéficient d'une popularité médiatique) , j'entends Alain Minc, l'éternel bienheureux de l'univers post-moderne, déplorer l'omniprésence du "populisme". Formule curieuse s'il en est, qui masque mal la dénégation intellectuelle de la différence.

Homme trop intelligent pour employer un mot à contre-emploi, Alain Minc a bien parlé de "populisme". A-t-il entendu dénoncer la déviance classique de la démocratie, qui consiste à flatter le peuple au mépris même de ses intérêts, et de ses propres convictions ? Après tout, la conquête du pouvoir sauce contemporaine n'est pas dépourvue de démagogie. En promettant de satisfaire toutes les demandes sociales, on s'assure des lendemains faits de frustration et de désillusion, mais on tue surtout la politique dans ce qu'elle est par essence : l'art du choix. D'ailleurs, on remarquera que ces pratiques ne font rien d'autres, finalement, qu'entretenir un bancal statu quo. Ce qui n'est pas étranger au paradoxe qui veut que tous les candidats du statu quo n'ont qu'un mot à la bouche : le changement.

Mais Alain Minc n'a pas parlé de démagogie. C'est le populisme qu'il a vilipendé. Et ce n'est pas surprenant. Au fond, ce que monsieur Minc entend signifier, c'est qu'il n'existe aucune pensée politique sérieuse en dehors d'un certain cadre. Ainsi estime-t-il que tous ceux qui aiment l'Europe doivent soutenir le vote de la défunte constitution par le Parlement. Mais combien arrogant faut-il être pour penser que l'Europe restera debout sans le soutien des peuples ? Comment peut-on à ce point mépriser le peuple pour suggérer qu'une affaire aussi grave et sérieuse que la construction européenne peut se passer d'un ancrage populaire ?

Au bout du compte, la vérité telle qu'elle m'apparait est que Monsieur Minc est l'archétype de ces nouveaux maîtres penseurs pour qui le peuple est l'obstacle premier de leur démocratie : une démocratie dénationalisée, régulée par le droit et les procédures, pensée par des experts qui savent ce qu'ils disent et des politiques qui savent e qu'ils font. Au fond, quand Alain Minc dénonce le populisme, il revendique une démocratie accomplie, qui ne peut être qu'une démocratie débarrassée du Peuple.

Devant tant d'arrogance et de mépris, il n'est qu'une chose à dire : "nous sommes tous des populistes...".

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F
Bien vu Matthieu : c'est de la France du milieu qu'il faudra recoller l'en haut et l'en bas.
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M
votez bayrou
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